Algerian Embassy

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আলজেরিয়া দূতাবাস, ঢাকা

Embassy of Algeria, Dhaka

Ambassade d'Algérie, Dhaka

Interview exclusive de l’ambassadeur d’Algérie au Bangladesh

Les relations Bangladesh-Algérie sont historiques. L'Algérie a été le premier pays arabe à reconnaître le Bangladesh en 1971 après son indépendance. Dans les années qui ont suivi, une amitié remarquable s'est développée entre feu le président algérien Houari Boumediene et Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman. Bangabandhu est resté en Algérie en 1973 lors du Sommet des pays non alignés où il a prononcé un discours historique. De plus, un avion algérien exclusivement affrété avait conduit Bangabandhu au sommet de l'OCI de 1974 tenu à Lahore. Réfléchissant au passé tout en s'appuyant sur le présent, l'ambassadeur d'Algérie au Bangladesh, Son Excellence le rabah Larbi donne une interview exclusive au Daily Observer. L'interview a été réalisée par notre rédacteur adjoint Shahriar Feroze ...


Interview exclusive de l'ambassadeur d'Algérie au Bangladesh
Publié: lundi 22 mars 2021 à 00h00 Nombre: 159
Shahriar Feroze
   
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Interview exclusive de l'ambassadeur d'Algérie au Bangladesh

Daily Observer: Son Excellence Rabah Larbi, vous êtes au Bangladesh depuis un peu plus d'un an et comment expliquez-vous votre expérience jusqu'à présent?

Son Excellence Rabah Larbi: En effet, je suis ici au Bangladesh depuis un peu plus d'un an en tant qu'ambassadeur de mon pays, l'Algérie. Cependant, en raison de la situation sanitaire au Bangladesh depuis mars 2020, comme tous les autres pays touchés par le covid-19, mes activités et rencontres avec les autorités et des éléments de diverses sociétés du Bangladesh sont peu nombreuses. Il y a seulement quelques jours, j'ai fait mon premier voyage en dehors de Dhaka. J'ai eu une brève visite à Sylhet, la ville de l'honorable ministre des Affaires étrangères, le Dr A K Abdul Momen.

J'y suis allé avec ma femme en avion et suis revenu par la route. Cela m'a permis de voir de loin, et certainement seulement superficiellement, la vie et la condition des gens. Je profite de cette occasion pour remercier la police locale qui a rendu mon mouvement plus fluide qu'il ne devrait l'être à cause du trafic routier. Je remercie également et, entre autres, le gérant d'un jardin de thé qui m'a accueilli moi et ma femme dans son établissement qu'il traite comme la prunelle de ses yeux. Je dois dire que nous avons vraiment apprécié le jardin de thé de Sylhet.

D O: Qu'est-ce que ça fait de rouvrir une ambassade après 3 décennies au Bangladesh?

R L: C'est très émouvant, comme entre l'Algérie et le Bangladesh; il existe une relation historique spécifique, notamment en relation avec la solidarité active et l'estime qui existaient entre feu le président algérien Houari Boumediene et le père de la nation, feu Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman. Je voudrais remercier ici les autorités bangladaises et tous ceux qui, de près ou de loin, m'ont aidé à commencer par l'accomplissement de ma mission.

D O: Comment évaluez-vous les relations Bangladesh-Algérie en 2021?

R L: Les relations politiques entre l'Algérie et le Bangladesh restent excellentes. Lors de mes premiers contacts avec de hauts responsables bangladais et notamment lors de l'audience que m'a accordée l'Honorable Premier ministre Sheikh Hasina le 5 mars 2020, j'ai pu constater le niveau d'excellence de cette relation. En tant qu'Ambassadeur de mon pays, je souhaite être à la hauteur de cette relation d'estime, de considération et de solidarité qui existe si heureusement entre nos deux pays.

Ambassadeur d'Algérie au Bangladesh, Son Excellence le Rabah Larbi

D O: Nous considérons qu'il est important que la génération post-71 au Bangladesh réfléchisse au passé, et comment l'Algérie a joué un rôle essentiel pour approuver le Bangladesh à devenir membre de l'OCI. J'aimerais avoir une réponse détaillée de votre part?
R L: En effet, il est important pour la génération Post 71 au Bangladesh de réfléchir au passé car sans passé, on ne peut pas construire le futur. En ce qui concerne précisément votre question, vous me demandez de donner des détails sur cette période. Je voudrais mentionner que je n'ai pas vécu cette période en tant que témoin parce que j'étais très jeune.

Aujourd'hui, en tant qu'Ambassadeur, vous m'avez donné la possibilité de partager quelques détails importants, et aussi au risque même de me tromper sur certains détails: en ce qui concerne le rôle de mon pays dans le cadre des efforts qui ont permis la participation du Bangladesh au sommet de l'OCI à Lahore le 24 février 1974. Je peux dire que Bangabandhu a participé à ce sommet avec tous les honneurs dus à son rang, après les efforts de certains pays musulmans, amis proches du Bangladesh, en particulier de l'Algérie.

Une délégation de sept pays musulmans, dont l'Algérie, s'est rendue au Bangladesh le 21 février 1974. Ils ont eu des discussions avec Bangabandhu au sujet de la reconnaissance du Bangladesh par le Pakistan et de sa participation au sommet de l'OCI à Lahore. À la suite de ces discussions, le Pakistan a reconnu le Bangladesh le 22 février 1974 comme État souverain indépendant.

Le même jour, le ministre bangladais des Affaires étrangères, le Dr Kamal Hossain, lors d'une conférence de presse organisée d'urgence à Ganabhaban, a officiellement annoncé la décision du gouvernement selon laquelle Bangabandhu participerait au sommet islamique de Lahore. En conséquence, feu le président Houari Boumediene a envoyé au cheikh Mujibur Rahman, qu'il considérait comme un frère, un avion spécial pour le transporter de Dhaka à Lahore.

Je dois rappeler ici, en passant, à ma connaissance et à moins que j'en ai conscience, l'Algérie a été le premier pays arabe à avoir reconnu le Bangladesh. Il convient de mentionner, en outre, que Bangabandhu avait participé à la 4e Conférence du Sommet des pays non alignés qui s'est tenue à Alger du 5 au 9 septembre 1973.

Le Père de la Nation a ensuite prononcé un discours où il a, entre autres, exprimé son soutien au Président Haouari Boumediene afin qu'il puisse demander, en tant que Président en exercice des pays non alignés, une session extraordinaire aux Nations Unies à cet effet de revendiquer un nouvel ordre économique mondial, session qui a eu lieu en 1974.

Bangabandhu ne pouvait soutenir que son frère Haouari Boumedienne car tous deux avaient l'âme profonde qui répondait à l'appel des damnés de la terre. Ce dirigeant, dont Fidel Castro a dit un jour que s'il n'avait pas vu l'Himalaya, mais il avait vu l'énormité de l'Himalaya à Sheikh Mujibur Rahman. D'ailleurs, comme Houari Boumediene, aurait pu contribuer, à la résolution de tant de problèmes mondiaux, comme lui qui l'écrivait dans ses mémoires "En tant qu'homme, ce qui concerne l'humanité me concerne".

Je dois enfin dire que lors de la rencontre que m'a accordée l'honorable PM, j'ai eu le plaisir de lui présenter un album photo sur le séjour de Bangabandhu à Alger en 1973 et à Lahore en 1974.

Interview exclusive de l'ambassadeur d'Algérie au Bangladesh

D O: Combien de Bangladais travaillent actuellement en Algérie, donnez-nous une idée approximative?

R L: Il y a environ 2000 Bangladeshis légalement établis en Algérie. Ils travaillent en Algérie principalement avec des entreprises indiennes, sud-coréennes, japonaises et turques.

D O: Quels sont certains des secteurs potentiels dont l'Algérie peut bénéficier économiquement du Bangladesh?

R L: L'Algérie peut bénéficier de plusieurs secteurs où le Bangladesh a déjà une expérience. Je peux dire, par exemple, le domaine des TIC. L'Algérie souhaite également bénéficier de la grande expertise du Bangladesh dans le secteur textile.

D O: Avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, les exportations du Bangladesh vers l'Algérie étaient inférieures à 10 millions de dollars. Le Bangladesh importe principalement des engrais d'Algérie. Comment comptez-vous augmenter le volume des échanges entre les deux pays?

R L: Je crois plutôt que le volume des échanges entre nos deux pays était de 25 millions de dollars, avant l'éclosion du Covid 19. Cela dit, ce volume reste très limité si l'on considère le poids économique de nos deux pays. L'un des objectifs de ma mission est de travailler à élever ce niveau d'échange. En vue de la densification de notre coopération bilatérale, j'ai déjà eu des vidéoconférences avec les Honorables Ministres de l'Énergie, de l'Industrie, du Commerce, etc. ainsi que des entretiens étroits avec les Honorables Ministres de l'Intérieur, des Ressources en Eau et de l'Information.

Il y a quelques mois, la chambre de commerce et d'industrie algérienne a proposé à la partie bangladaise un projet d'accord dans le domaine du commerce. Nous nous attendons à ce qu'il soit signé sous peu.

D O: Pouvez-vous partager une mise à jour sur la formation de la commission économique mixte entre le Bangladesh et l'Algérie pour renforcer la coopération dans les domaines du commerce et du commerce?

R L: En effet, il est également question de créer prochainement une commission mixte pour renforcer la coopération bilatérale dans tous les secteurs d'activité.

D O: Quel est votre plan pour améliorer les relations culturelles et interpersonnelles des deux pays?

R L: En octobre 2017, la partie bangladaise a proposé à la partie algérienne un projet de protocole d'accord sur un programme d'échange culturel entre nos deux pays pour la période 2018-2023. Le ministère algérien de la Culture a fait une nouvelle proposition et espère la réaction de la partie bangladaise. Cela dit, je pense qu'il y a beaucoup à faire entre nos deux pays dans le domaine des relations culturelles et interpersonnelles.

J'espère qu'un jour une compagnie aérienne directe pourra relier nos deux pays. Je dois dire ici qu'en octobre 2017, un projet de coopération avec la compagnie aérienne "ABC Air Limited" a été proposé par la partie bangladaise. Air Algérie avait donné son accord en janvier 2018 pour accueillir les représentants de la compagnie bangladaise à Alger.

Le président algérien Houari Boumediene avec le Premier ministre Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman à Bangabhaban

En outre, je voudrais remercier le Ministère des affaires étrangères du Bangladesh d'avoir invité un groupe musical algérien à participer aux célébrations de la commémoration du centenaire de la naissance de Bangabandhu et du jubilé d'or de l'indépendance du Bangladesh. Malheureusement, avec la pandémie de Covid 19, le groupe musical n'a pas pu voyager. Cela dit, le ministère algérien de la Culture et des Arts n'a pas manqué de réaliser un enregistrement que l'ambassade a envoyé au ministère. Il s'agit d'une performance chorégraphique intitulée "L'héritage éternel" interprétée et mise en scène par la troupe de ballet de l'Office national de la culture et de l'information. C'est un spectacle de danse qui raconte la résistance, la force, le courage et les sacrifices de la nation algérienne ainsi que la fierté et la détermination du peuple algérien pour un avenir meilleur.

Permettez-moi également de saisir cette double occasion de commémoration du centenaire de la naissance de Bangabandhu et de la célébration du jubilé d'or de l'indépendance du Bangladesh, pour adresser mes meilleurs vœux de succès et de prospérité au Bangladesh.

D O: Souhaitez-vous partager votre carrière diplomatique avec nous?

R L: J'ai commencé une carrière diplomatique en 1980 après avoir obtenu mon diplôme de l'École nationale d'administration. J'ai occupé divers postes en Côte d'Ivoire, en Espagne, en Grèce, au Niger et en France (Strasbourg).

De même, j'ai été placé à la Présidence de la République de 2001 à 2005 où j'ai exercé les fonctions de directeur des études. A ma demande, je suis retourné à mon corps d'origine. Comme je m'intéressais à la politique depuis mon plus jeune âge, je me suis également présenté aux élections législatives de 1991 où j'ai atteint le second tour qui n'a pas eu lieu. Je me suis également présenté comme candidat indépendant aux élections législatives de 2012.

Au risque de paraître au-delà de toute ambition, si le destin m'avait permis, j'aurais certainement nourri des idéaux similaires à ceux qui ont animé Haouari Boumediene et Sheikh Mujibur Rahman. Cependant, comme le disait le grand poète arabe El Mutanabi: "Les vents soufflent dans une direction différente de celle souhaitée par les bateaux".






		
		
			

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